Saviez-vous que votre (arrière-) grand-père avait été un acteur de théâtre ?
Le 5 mars 1942, en pleine seconde guerre mondiale, dans la Gazette de Charleroi, on pouvait lire l’article suivant:
TARCIENNES
Au profit des Prisonniers de Guerre –
On voudra bien nous croire, nous le souhaitons, en disant ici les louanges du cercle Saint-Martin dirigé de main de maître par M. le Curé Jules LEBRUN. Dimanche dernier, ce cercle organisait une soirée dramatique, au profit des Prisonniers de Guerre.
L’auditoire composait une salle très « pension de famille », une bonne salle, franche, pas compliquée, bon enfant. Les acteurs, eux, ont démontré qu’ils ont la foi. Ils jouent d’un cœur sincère. Ils déploient une ardeur et un enthousiasme méritoires, grâce auxquels ils parviennent à vaincre bien des difficultés. Le travail de préparation et de mise au point avait cependant été ardu: trois pièces étant à l’affiche.
Il importe donc que, d’emblée, nous adressions nos éloges à chaque membre de la petite troupe essentiellement tarciennoise. Nommons-les, sans distinction, au hasard : MM. Ernest PECTOR, Fernand ERNEST, Georges ERNEST, René RENIER, Franz MINET, Georges HUBLET, Raoul BOULVAIN, le cadet de la troupe ; Félicien JACQUES, André HUBLET, Roger HUBLET et Eugène HUBLET.

La troupe interpréta deux comédies, l’une française, l’autre wallonne : « Napoléon fait du ciné » (un acte) et « In mort qui vique » (un acte). Ce sont des pièces fort gaies et la gaieté était dans les cœurs comme dans les paroles. Elles furent bien enlevées, grâce au concours plein de bonne volonté des interprètes.
Et, comme il se devait, il y avait un drame : « La rançon de l’amour ». Le genre est différent et toujours très prisé. Cette pièce a des scènes d’une vérité si fine, si sensible et si rare, qu’elles emportaient tout. Il a fallu aux acteurs une forte dose de courage, de constance dans les répétitions et de qualités pour interpréter cette pièce de si belle manière. Ceci démontre, une fois de plus, que « lorsque l’on veut, on peut ».
Les acteurs du cercle Saint-Martin ne peuvent s’arrêter en si bon chemin. S’ils veulent continuer à étudier l’art théatral et à se perfectionner, de beaux succès leurs seront réservés.
Bref, la soirée de dimanche fut très réussie au triple point de vue théatral, populaire et financier. Nous sommes persuadés que dans les stalags on sera content de la recette.
Moins d’un an plus tard, le 11 février 1943, dans le même journal on apprenait que les acteurs tarciennois avait remis le couvert !
TARCIENNE
Pour les prisonniers.- La soirée organisée par le cercle Saint-Martin au profit des prisonniers de la localité a remporté un succès qui fait honneur aux organisateurs et aux acteurs.
Les diverses pièces furent interprétées avec un réel brio.
L’entrée était une comédie en un acte de Victor RENIER : « Un cadavre dans une valise », dont les interprètes étaient : F. MINET (Marius Vergougnac, boucher), Maxime APPELMANS (Antoine Devacq, son commis), Eug. HUBLET (Jean Burchel), et Michel GUILLAUME (Victor Gamache), deux étudiants en médecine, E. PECTOR (Julien Spinette, commissaire de police) et R. HUBLET (Sion, agent de police). Tous remplirent bien leurs rôles.
Le plat de résistance était constitué par le beau drame en 4 actes de Aug. MIGNON, « La Croix du Chemin », que tous les acteurs enlevèrent avec autorité malgré les difficultés d’interprétation. La petite troupe a droit à des éloges, car elle nous a montré tout ce que peuvent réussir des amateurs lorsqu’ils sont animés du désir de bien faire. Ce sont les G. HUBLET (M. Marchal, rentier), A. HUBLET (Louis, son fils), L. LEMIELLE (Thomas, domestique de M. Marchal), G. WACKERS (M. Durieux, propriétaire), R. ROUSSELET et R. HUBLET (respectivement Jules et Joseph, amis de Louis), Ernest PECTOR (M. Maton, tenancier de restaurant) et F. MICHEL (M. Hubertui, docteur en médecine). Les quatre actes fameux consistent en : La Ruine, L’oubli du Devoir, Misère et désolation et le Miracle de la Croix.
En contre-partie des émotions produites par ce drame passionnant et émouvant, il fallait de la rigolade, ce que « Les Pilules du Med’cin » comédie en in akke par Aug. MIGNON donnèrent au public.
Les rôles étaient bien défendus par F. MICHEL (Florentin Picotin, rentier), G. WACKERS (Félicité, s’feume), J.-B. DUMONT (Bébert, leu n’veu), R. ROUSSELET (Papin, mèd’cin), G. MOUSSOUX (Flupe, champêtre), A. REVERS (Remy, cordoni), M. APPELMANS (Sidonie marchande di lacia) et M. GUILLAUME et R. BOULVAIN , deux gendarmes.
Quant aux intermèdes, ils plurent beaucoup au public.
Bref, ce fut un succès sur toute la ligne.
Pour finir, une copieuse tombola fut tirée et fit beaucoup d’heureux.
Nombre de mes lectrices et lecteurs seront étonnés ou émus, voire les deux, de lire ici le nom de leur grand-père ou arrière grand-père ou oncle ou parrain…. Qu’ils n’hésitent pas à nous faire part de leur ressenti…et des infos complémentaire sur ces soirées, s’ils en ont, dans Messenger !
Je n’ai pas trouvé de renseignements sur Victor RENIER, auteur de la pièce « Un cadavre dans la valise« .
Par contre, Wikipedia nous apprend qu’Auguste MIGNON, auteur de la pièce « La croix sur le chemin » était un auteur wallon, né à Biarin (Beauraing) le 22 mai 1891. Il a écrit de nombreuses pièces pour le théâtre, en français et en wallon.
Le texte de « »La croix sur le chemin » et celui d’autres pièces (L’ Amour a l’tind’rie, Li diâle èt l’belle-mère, One gatte au tribunal,…) peuvent être consultés au Musée de la vie wallonne à Liège.
Sources:
Les articles de la Gazette de Charleroi: https://www.belgicapress.be
Auguste Mignon: https://wa.wikipedia.org/wiki/Auguste_Mignon et https://moncentrededoc.provincedeliege.be/opac_css/index.php?lvl=author_see&id=26388