Y aurait-il eu deux fanfares à Tarcienne ?
Plusieurs indices le laissent à croire.
Le drapeau, d’abord.
Il a été confié, il y a longtemps, à la garde du Musée des Marches Folkloriques de l’Entre Sambre et Meuse. On peut l’y voir.
Il s’agit d’un – magnifique – drapeau en velours cramoisi, franges dorées et orné de deux cornets à pistons (formellement identifiés par un spécialiste : Nathan Debources) brodés, en fil doré.
Il porte aussi la mention « Fanfares de Tarcienne », le mot « Fanfares » au pluriel ! et un millésime, probablement celui de sa confection (à moins que ce ne fut celui de la création de la fanfare): 1909.

Ce drapeau, puisqu’il fut créé en 1909 et qu’il est aujourd’hui encore exposé au Musée des Marches, existait en 1945.
Or, sur un cliché que m’a cédé Alain Guillaume, on voit la fanfare de Tarcienne, qui défile, je crois, dans l’actuelle rue Les Acquois, en accompagnement des prisonniers et déportés de guerre à l’occasion d’une fête organisée pour leur retour au village, probablement en 1945. Devant la phalange musicale, son porte- drapeau. Sur le drapeau, on peut lire « Fanfares de Tarcienne » et une partie de l’année de sa création : « 19… ». Mais le motif principal consiste en.. un seul instrument à vent ! Il ne s’agit donc pas du drapeau présenté ci-dessus mais bien d’un autre drapeau.

Alors, l’unique fanfare de Tarcienne disposait-elle de deux drapeaux ? Ou, plus vraisemblablement, chacune des deux fanfares de Tarcienne possédait-elle un étendard ?
Et le deuxième drapeau, qu’est-il devenu ?
Les deux fanfares ont par ailleurs pu être gérées, à un moment de leur histoire, par une société unique. Le 22 octobre 1912, Mr MICHAUX, trésorier de ladite société, commençait une lettre adressée à Messieurs les Bourgmestre, Échevins et Conseillers Communaux en ces termes :
«[…] Nous prenons la liberté de venir vous demander de vouloir bien nous allouer un subside pour notre Société « Les Fanfares de Tarcienne […]» ».
Il est probable qu’en 1922 il ne subsistait déjà plus qu’une seule fanfare car, dans le compte-rendu de la réunion du 3 novembre de cette année-là, signé par bourgmestre Auguste DEMARET et le secrétaire communal Constant GLATIGNY, le Conseil Communal de Tarcienne déclare accorder un subside de 300 francs à la musique « […] Vu la demande verbale des membres de la commission de la « Fanfare de Tarcienne » […] ».
Et en 1970, c’est le drapeau « à deux cornets » qui était de sortie à l’occasion de la Saint-Fiacre.

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Les fanfares de Tarcienne ont, semble-t-il, toujours bénificié d’une belle réputation au moins régionale, comme en témoignent les quelques articles de presse que j’ai pu trouver sur le sujet. De toute évidence leur savoir-faire était régulièrement sollicité dans les villes et villages voisins.
Ainsi, le journal « Le Patriote » publie, dans son édition du 23 octobre 1913 :
« Chronique religieuse. A Walcourt – Une manifestation eucharistique. –
[…] A 2h.1/2, le cortège partait de la station. Plusieurs milliers d’hommes y prenaient part, ainsi que quatre fanfares, de Tarcienne, Walcourt, Berzée et Morialmé. […] »
Le 28 septembre 1920, la Gazette de Charleroi rapportait :
« Nalinnes – Les fêtes communales. –
[…] Les concerts de dimanche et lundi derniers furent très réussis. Un auditoire nombreux fit honneur au programme de choix exécuté par les Fanfares de Tarciennes, de Gozée et par les deux sociétés locales ».
Vers l’Avenir, quant à lui, le 04 août 1937, citait la fanfare de Tarcienne dans un long article intitulé « Le Congrès Eucharistique du doyenné de Walcourt »
« […] Les fanfares de Thy-le-Château, Fraire, Tarcienne et Laneffe jouaient tout au long du cortège leurs pieuses « marches de procession » et leurs « pas redoublés »… […] ».
En 1938, le 23 septembre, le Journal de Charleroi annonçait des « festivités organisées à l’occasion de douze noces d’or » à Gerpinnes. Au programme : « […] Brillants concerts par les fanfares d’Acoz et de Tarcienne […]».
Au mois de mai 1946 prirent place, à Couillet, « Les fêtes du quartier des 5 chemins ».
Le Quotidien de Charleroi, le 23 mai, en faisait le compte-rendu.
« […] à 18h30, réception de la Fanfare de Tarcienne au café Lobert (ancien Terminus) Couillet Queue ; à 19 h. , brillante audition musicale par la Fanfare de Tarcienne sous la direction du talentueux et sympathique Aimé MICHAUX et sous la présidence de M. Georges PIRET »
La fanfare de Tarcienne assura l’accompagnement musical des marcheurs de Couillet à l’occasion de la Saint-Roch 1949. C’est ce que relate le Journal de Charleroi dans son édition du 17 août 1947. :
« Les fêtes de la Saint Roch. – […] Le dimanche, après une messe en musique chantée par la Société Royale « Les Amis du Progrès » et la réception des Fanfares de Tarciennes eut lieu le départ de la procesion auxquels participaient les marcheurs et la fanfare. […] »
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La fanfare subsistante fut dissoute, semble-t-il, après les élections dites « de la fusion des communes », en 1976. Des différends politiques eurent raison de la fanfare de Tarcienne qui, pendant plus de soixante cinq années, anima les moments les plus solennels, les plus tristes mais aussi et surtout, j’imagine, les plus festifs de notre village.
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Je ne connais ni ne possède beaucoup de photos des fanfares de Tarcienne et de leurs musiciens.
En voici deux particulièrement attachantes, transmises par deux amis.

Sylvain MOUSSOUX, Raymond LIÉTARD, Willy VANKERKHOVEN et Albert ERNEST
(Coll. Jean-Pierre MOUSSOUX)

André VAEL et Francis LAVERNE « jouant « Bartholo », entre chez Maxime et chez Zénon», dixit André ! Quelle mémoire ! … Et quels musiciens !
(Coll. André VAEL)
Sources
- Photographies:
Collections Alain GUILLAUME, Jean-Pierre MOUSSOUX, Marc DUMONT. - Courriers du conseil communal de Tarcienne:
Centre d’archives de Walcourt Jean Léotard à Clermont
Boîte 60, dossier 12 et boîte 99, dossier 16. - Extraits de presse:
http://www.belgicapress.be