CHRONIQUES TARCIENNOISES D’HIER

1603, création de la cure de Tarcienne

La plus ancienne mention connue de l’église de Tarcienne date de 1445. C’était alors une « chapelle sous Gerpinnes » dédiée à Saint Nicolas avant que Saint Martin de Tours n’en devienne le patron(1). En 1602, elle fut érigée en paroisse indépendante avec son hameau d’Ahérée (et donc séparée d’avec Gerpinnes dont elle dépendait jusque là) (2).

Les Archives Générales de l’État conservent, au dépôt de Namur, le document (2) de 13 pages par lequel le clergé ratifie cette séparation. Il est daté du 3 janvier 1603 et fut rédigé en latin par François BUISSERET, évêque de Namur.
Le voici résumé, tel que je l’ai compris (3).

Monseigneur BUISSERET nous apprend qu’il lui avait été rapporté que le curé de Gerpinnes et une personne de la paroisse devaient se charger, chaque semaine et en alternance, d’administrer les sacrements et d’accomplir les rites sacrés dans la chapelle de Saint Martin de Tarcienne qui dépendait de Gerpinnes.

La chapelle de Tarcienne ne possédait pas de fonts baptismaux, les enfants devaient être baptisés à Gerpinnes. Mais comme la chapelle était éloignée de l’église de Gerpinnes et qu’en hiver, il arrivait que le ruisseau (4) qui serpente entre les deux villages fut en crue, il était, dans ces conditions, très compliqué de baptiser les enfants.

Pour remédier a ses inconforts, l’évêque décida l’érection de fonts baptismaux à Tarcienne et accorda au curé d’y établir sa résidence et d’y administrer tous les sacrements.

Ainsi fut fait mais après un certain temps, un litige survint entre le curé de Gerpinnes et le curé en charge de la chapelle de Tarcienne (toujours dépendante de Gerpinnes). L’objet du différend: les « fruits » que rapportait la chapelle: chacun des curés les revendiquait.

Un tribunal trancha: les bénéfices enregistrés à Tarcienne revenaient au curé en charge de la chapelle.

Les paroissiens de Tarcienne ont alors supplié l’évêché de démembrer le curé officiant dans leur village de la paroisse de Gerpinnes et de séparer la paroisse de Tarcienne et ses habitants ainsi que ceux d’Ahérée de la paroisse de Gerpinnes.

L’évêché estima la requête fondée et déclara: « […] par le pouvoir qui nous est donné par les décrets du Concile de Trente, nous avons séparé, divisé, démembré la chapelle de Saint-Martin et les villages de Tarsinne et d’Aherée avec leurs habitants, des habitants de la paroisse de Gerpinnes et nous souhaitons qu’ils demeurent séparés, divisés et démembrés à l’avenir. Nous érigeons la chapelle Saint-Martin en église paroissiale, avec tous les droits et insignes d’une église paroissiale« .

Le curé qui assumait jusque là l’administration de la chapelle de Tarcienne en fut fait vicaire et curé. Il se vit confier « le soin, la gestion et l’administration des sacrements ecclésiastiques« .  

Lui furent aussi accordés « tous autres bénéfices qui étaient généralement attribués au curé paroissial de Gerpinnes avant le démembrement« 

Il bénéficia, en outre, d’une « rente annuelle de la paroisse de Tarsinne,  legs d’un certain Gaspar LECLERCQ, que la communauté de Tarsinne a ajouté à leur curé , avec l’obligation de célébrer l’anniversaire dudit Gaspar chaque année, à ses propres frais« .
(Gaspar LECLERCQ est le seul paroissien dont le nom est cité dans le document).

Enfin, ne voulant « pas porter préjudice aux droits d’un tiers en aucune façon par le démembrement« , il fut imposé au curé de Tarcienne et à ses paroissiens de « payer une livre (libra grossorum)(5) chaque année, au curé de Gerpinia et à ses successeurs »  

Voici la première page du document:

(1) Revue bénédictine – Volume 80 – Page 123 (1970).
Abbaye de  Maredsous, éd.

(2) Le culte de Sainte Rolende au Moyen-Âge, Hagiographie et archéologie,
Alain DIERKENS,
in Problèmes d’histoire du christianisme, Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université Libre de Bruxelles, 1983

(2) Archives ecclésiastiques de la province de Namur
> Inventaire général des archives de ecclésiastiques de la province de Namur [Vol.1]
> IV. Eglises paroissiales. Chapelles. Bénéfices.
> 310. Tarcienne.
> 2528. Création de la cure. 1603.

(3) Traduit avec l’aide de traducteurs automatiques en ligne, mon latin scolaire de 50 ans ne pouvant s’en passer

(4) Le nom de cette rivière est mentionné dans le texte en latin: « Ridar Biltige« . A n’en pas douter, le ruisseau d’Ôjète.

(5) La « libra grossorum« , était utilisée comme unité de compte pour les transactions commerciales et financières.